Réseaux sociaux : De la dose à l’overdose ?

Article : Réseaux sociaux : De la dose à l’overdose ?
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25 août 2022

Réseaux sociaux : De la dose à l’overdose ?

Thomas Ulrich / Pixabay CC

En Afrique et spécifiquement au Bénin, les réseaux sociaux ont été de bons alliés pour leurs utilisateurs. Les Béninois ont su profiter de l’avantage et des opportunités de cette nouvelle ère et du nouveau style de communication qu’ils imposent. Depuis leur avènement, ces nouveaux outils de communication ont su apporter information, formation et distraction à leurs différents abonnés. Un certain nombre de points qui peine à s’équilibrer en raison de l’attachement donné au dernier point : La distraction. C’est ce que nous explique Didier Jaurès Voitan, documentaliste et directeur de la bibliothèque du Conseil des Activités Educatives du Bénin (CAEB) situé à Parakou.

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Enfants, jeunes, adultes, vieux…ils sont peu à échapper à la « nouvelle drogue » que sont les réseaux sociaux. Snapchat, Facebook, Instagram, WhatsApp, TikTok ou autre, jamais le monde a connu une telle boulimie créative. Comme une peste au caractère pandémique et épidémique les médias sociaux ont conquis tous les cercles sans exception. Le milieu éducatif subit également cette invasion technologique. Phénomène au départ source de curiosité, il est devenu source d’anxiété pour des victimes collatérales qui se comptent par milliers.

D’aucuns nous diront que les réseaux sociaux constituent de véritables canaux d’expression des opinions ; qu’ils facilitent aux utilisateurs le réseautage : élément de socialisation dans un village planétaire ; qu’ils favorisent également l’acquisition des compétences techniques et communicationnelles essentielles à la vie professionnelle en ce 21ème siècle….soit !

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Toutefois, derrière ces avantages aux allures de boniments vantés par les marketeurs, les réseaux sociaux présentent bien de nombreux risques pour les utilisateurs, et notamment pour les apprenants. Comme une pièce de monnaie, nous avons aussi bien l’avers et le revers de la médaille. La corrélation entre l’utilisation des médias sociaux et la baisse des performances scolaires est étroite. Les plateformes sociales constituent de véritables sources d’inquiétude pour les éducateurs. Grands dévoreurs de temps, les réseaux sociaux occupent de plus en plus les journées des jeunes apprenants. A la recherche de connexion Wi-Fi, ils sont nombreux ces apprenants spécialistes de l’école buissonnière qui s’attroupent du matin au soir, dans certains lieux, concentrés sur les contenus peu ou pas éducatifs. Des messages tchats au partage de photos sans oublier des vidéos, ils sont irrésistiblement accrochés à leurs portables, heureux esclaves, coincés dans les travers des nouvelles technologies. Très peu de jeunes de notre ère utilisent les réseaux sociaux pour discuter des sujets relatifs aux études. Beaucoup ont tôt fait de l’utiliser pour d’autres fins outre éducatives.

Facteurs des dérapages sociaux, ces médias sont devenus plus qu’une drogue pour une génération en perte de repères. En victime abusée et résignée, l’école béninoise en souffre. La tragédie se joue devant nous ; les regards hagards, on constate les dégâts. On se rappelle encore avec choc et traumatisme des sextape en milieu scolaire notamment la sulfureuse affaire de diffusion des images pornographiques par un groupe d’élèves au Lycée Matthieu Bouké, un établissement clé de la réussite scolaire de Cotonou en 2020.

Des cercles de délinquance juvénile à l’image du tristement célèbre club « City gang » du Lycée Matthieu Bouké ayant choqué l’opinion publique par leur degré de perversité, qui se développe dans les rangs d’une jeunesse pour une part en rupture avec le bon sens et la bienséance. Bref, un crash moral attribué à raison à l’utilisation intensive et irresponsable des réseaux sociaux. A ceci s’ajoutent la cyberintimidation qui se manifeste par la violence verbale parmi les jeunes. A les entendre parler, on se croirait dans un ghetto.

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En outre, sur le plan psychologique, les plateformes sociales accentuent chez les utilisateurs l’exclusion sociale d’où le phénomène communément appelé « Génération Têtes Baissées » pour ainsi dire des détachés de la réalité et du monde physique. Nous n’oublions non plus l’anxiété, la dépression que génèrent ces plateformes du fait des attentes irréalistes qu’elles suscitent.

Par ailleurs, texter ne favorise pas la concentration comme c’est le cas de ces nombreux apprenants ‘’corps présents, esprit ailleurs; que dis-je sur Facebook’’ alors qu’ils sont en classe! Tout ceci au mépris des mesures restrictives dans le système éducatif interdisant l’utilisation du téléphone portable à l’école au Bénin. Des pratiques qui ont pour corollaire la baisse des performances scolaires. Utiliser les réseaux sociaux alors qu’on étudie relève d’une attitude « multitâche » qui distraie, nous dira le psychopédagogue.

C’est une drogue, combattue mais jamais éradiquée. Quand on y goutte, difficile d’arrêter confirmant l’assertion « qui a bu boira ». Et oui ! Beaucoup vivent une dépendance vis à vis des médias sociaux. Très peu préoccupés par leurs notes à l’école mais occupés à WhatsApp, Facebooker, Tik-Tok…

Le phénomène prend de l’ampleur. Parents d’élèves, enseignants, politiques et autorités à divers niveaux, il faut vite réagir pour éviter le pire. De la dose raisonnée à l’overdose, il n’y a qu’un pas ! Refusons ensemble de le franchir !

Fachari Aboudou

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Commentaires

Didier VOITAN
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Merci pour le partage de cette chronique qui interpelle la conscience de tout le monde

Levy
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Belle observations